Un tapis absorbant

Un flip qui sentait mauvais

La tendance est à la rénovation. Plusieurs achètent les bons vieux bungalows des années 1970 dans le but de les « flipper » et les revendre tout en y tirant profit. C’est ce que Pierre, un entrepreneur spécialisé en rénovation, a fait à plusieurs reprises lorsque son carnet de commandes était moins rempli.

19 mars 2018

D’ailleurs, son dernier projet de « flip » s’est vendu tout de suite. Mais voilà qu’à peine quelques mois plus tard, il reçoit une mise en demeure des acheteurs. Ces derniers ont découvert de la moisissure dans la chambre du sous-sol, une pièce qui fait environ 12 pi par 14 pi.

La chambre était destinée à l’adolescent de la famille. Bien qu’il ne soit pas très bavard, il s’est plaint à quelques reprises à ses parents de la présence d’une drôle d’odeur dans sa chambre.

Sa mère, qui ne s’aventurait qu’en cas d’extrême urgence dans ce territoire inconnu et incompris, alla tout de même faire une reconnaissance des lieux. Après plusieurs heures de nettoyage, force est de constater que l'odeur a rapidement refait surface. Les parents ont tout de même pu déterminer qu’il s’agissait d’une odeur d’humidité.

Une odeur d’humidité dans le sous-sol, localisée dans une pièce uniquement, nécessite investigation. Les propriétaires poursuivent leurs recherches et décident de retirer quelques lattes du revêtement de plancher flottant, question de voir s’il n’y a pas présence de traces d’eau sur le béton. Quelle ne fut pas leur surprise de trouver du tapis commercial entre le plancher flottant et la dalle de béton! Pire encore, le dessus du tapis et le dessous des lattes présentaient d’importantes traces qui s’apparentaient à de la moisissure.

Pierre, étonné que le tapis soit la cause de ce problème, demande l’avis d’un expert. Parce qu’après tout, le tapis était bien sec et sain, il ne présentait aucun cerne provenant d’humidité antérieure, ni même aucune odeur d’humidité ne s’y dégageait. C’était l’idéal comme sous-plancher. Malheureusement pour Pierre, même avec toutes les bonnes intentions du monde, il s’avère que la cause est bien l’installation du plancher flottant sur le tapis existant.

Le phénomène est simple. Avant la pose du plancher flottant, l’humidité provenant du sous-sol, principalement de la dalle par effet de capillarité, était absorbée par le tapis. Souvenez-vous que, dans les années 1970, ni le pare-vapeur sous dalle, ni l’isolant n’étaient obligatoires. Bien qu’elle soit absorbée, l’humidité peut également s’évaporer rapidement par l’effet combiné du brassage d’air et du chauffage de la pièce, puisque le tapis est laissé à l’air libre.

En installant le nouveau revêtement de plancher flottant sur le tapis, il devient impossible pour l’humidité de s’échapper, et le tapis l’absorbe continuellement, ce qui entraîne la prolifération de moisissures.

Afin de s’éviter toute cette malheureuse histoire, Pierre aurait dû retirer le vieux tapis, installer un pare-vapeur de polythène et sceller les joints, puis installer un sous-plancher (éthafoam) avant de procéder à l’installation du nouveau revêtement de bois flottant.